Les sites mémoriels de la Shoah en Belgique
Richard Sufit, né à Paris le 16 septembre 1925, vient d’une famille d’origine polonaise juive non-pratiquante. Au début des années 1920, ses parents fuient la Pologne, en raison de l’implication du père dans les mouvements de gauche. Ils partent d'abord pour la Palestine et ensuite pour la France. En 1928, ses parents émigrent finalement en Belgique et c’est donc à Bruxelles que Richard passe son enfance. Ses parents y tiennent un restaurant de spécialités juives non-cachère. Son père, impliqué dans les mouvements du Bund, l’inscrit au mouvement de jeunesse socialiste des Faucons Rouges.
Lorsque la guerre éclate, Richard est encore à l’école. Il n’y est pas confronté à l’antisémitisme, sauf de la part d’un élève engagé dans les mouvements de jeunesse nazi. À mesure que le temps avance, les lois anti-juives s’accentuent. La famille doit porter l’étoile, s’inscrire à l’état civil comme juive, etc. Lorsque les allemands viennent placer une affiche sur la vitrine du restaurant les dénonçant comme juif, la famille prend la décision de le fermer et de se cacher. La sœur de Richard ainsi que ses parents sont cachés séparément chez des amis.
Richard Sufit
Quant à Richard, il quitte la Belgique fin juin-début juillet 1942 pour Béziers en France, ville découverte deux ans auparavant. Il doit subvenir à ses besoins et trouve un boulot de réparateur de machines à écrire. Il devient chef scout, et c’est au sein de ce mouvement de jeunesse qu’il entre en contact avec la résistance à la fin de l’année 1943. Il est chargé, dans un premier temps, de la distribution du journal Combat, puis de l’envoi et de la réception de courriers. Il passera également une quinzaine de jours dans le maquis mais est vite renvoyé au courrier.
En mai 1944, il est arrêté comme résistant suite à une dénonciation d’un camarade. Envoyé d’abord au siège de la Gestapo où il subit des interrogatoires musclés, il est ensuite conduit à la caserne de Béziers où il passe quelques jours, avant de partir pour la prison de Compiègne. Suite au vol de ses papiers, il décide de se déclarer comme juif afin que ses activités de résistants ne soient pas découvertes et de minimiser ainsi les charges pesant contre lui. Il est alors envoyé au camp de transit de Drancy puis embarque en juillet 1944 dans le XIème convoi en direction d’Auschwitz.
Arrivé à Auschwitz, Richard passe la sélection et après un jour au camp principal d’Auschwitz, il est transféré au camp de Monowitz pour travailler à l’usine de Buna. En janvier 1945, les allemands, voyant les soviétiques se rapprocher peu à peu, font évacuer le camp. Il est alors transféré vers Buchenwald. Blessé au pied, Richard se trouve à l’infirmerie lorsque, le 11 avril 1945, le camp est libéré par la 3ème Division Armée Américaine. Les allemands avaient fui quelques heures plus tôt, emmenant avec eux les prisonniers valides et les assassinant pour la plupart le long de la route. Il était également prévu que les malades soient exécutés avant l’arrivée des américains mais l’organisation des détenus prend le contrôle du camp et évite le massacre. Richard pèse alors une petite trentaine de kilos.
Dans un premier temps, Richard Sufit est conduit dans un hôtel de Weimar pour être soigné. Il est ensuite transféré à Kaiserslautern puis à Metz. Vers la mi-juillet, il est de retour à Bruxelles où il est soigné dans un hôpital auxiliaire ; il en sort finalement en 1947. S’il s’inscrit rapidement dans des Amicales de Déportés, ce n’est que dans les années 80 qu’il ressent le besoin de parler plus amplement de son expérience concentrationnaire afin de lutter contre la résurgence des fascismes.
Journal Combat du 15 novembre 1943
Vue aérienne du camp d'Auschwitz-Monowitz